mardi 22 septembre 2020

En attendant la fin du reconfinement

Pour la seconde fois, une rencontre avec des lecteurs, organisée par une bibliothèque de la ville de Nantes est annulée pour cause de confinement. 

Mais il faut chercher et trouver les bénéfices de toute épreuve. Alors je peaufine mon prochain roman, qui emmènera le lecteur loin d'ici, au Kirghizstan, en Russie et à New-York. Mais les Pyrénées n'en seront pas absentes...

 Photo prise depuis le camp de base Ienilchek

et je bâti un blog consacré au disque de Poincaré

de belles maths !


mercredi 9 septembre 2020

Autoédition : bilan de mon expérience

 

Trois ans après la publication de La dernière voie de Nimbus, il est largement temps pour moi de tirer le bilan de cette autoédition, et de partager avec ceux qui seraient tentés de se lancer dans cette aventure, car si l’on se bat un peu pour faire connaître son bouquin, c’en est une.

Comme il est expliqué dans le tout premier article de ce blog, je suis passé par l’imprimerie Bookelis. Elle est orientée vers l’autoédition, et offre de nombreux services. Techniquement parlant, j’en suis très content. Je précise cependant que je n’ai eu recours qu’aux services non littéraires (je n’ai pas confié mon manuscrit à leurs lecteurs ni à leurs correcteurs), et que je ne me prononce pas sur leur qualité.  Bref, le livre correspond à ce que j’attendais. Je vais donc me centrer dans ce propos essentiellement sur la distribution et la promotion.

Toutefois, avant d’entrer dans le vif du sujet, quelques mots sur le livre autoédité : il a mauvaise réputation. Ce n’est pas injuste. Beaucoup d’entre eux, pour dire les choses crûment, sont plus ou moins bâclés ou souffrent de défauts rédhibitoires, nuisant par-là fortement à la santé des autres. Malheureusement, on n’y peut absolument rien, sinon être extrêmement rigoureux sur la qualité de ce que l’on propose : il faut trouver des lecteurs naïfs, les écouter, corriger ; puis trouver des lecteurs plus pointus (par exemple au sein d’ateliers d’écriture, des enseignants en lettres ou des amis eux-mêmes auteurs si vous en connaissez et si ce sont de vrais amis capables de vous dire des choses peu agréables et vous de les entendre), les écouter, corriger ; éventuellement des lecteurs professionnels : on en trouve quelques-uns sur Internet, à ma connaissance la seule maison qui assure un service vraiment de qualité est l’atelier Aleph écriture, d’Alain André – c’est très cher, mais on vous produit un rapport de lecture de plusieurs pages, complet et très bien argumenté, et non pas une fiche avec des croix dans un tableau Excell : tel personnage, 3/5 – peu crédible (Ah bon et pourquoi ?). Il faut également prêter attention aux aspects techniques. Donc, être bien conscient que l’on part avec un handicap lourd, et qu’il peut se doubler d’un second tout aussi redoutable, à savoir une notoriété dont le rayon ne dépasse pas le bout de la rue ou le coin de l’atelier – c’est mon cas. On affronte alors la houle de mer sur une coquille de noix !

La diffusion : Internet et le livre papier

J’ai pris le pack librairie proposé par Bookelis.

 


Il faut bien comprendre qu’en ce qui concerne la vente en librairie, votre livre ne sera pas commandé spontanément par le libraire, mais par vos lecteurs aux libraires. Nuance nuance ! Mais c’est déjà ça. Pour la vente sur Internet c’est exactement la même chose. D’où le rôle important de la promotion (je déteste, mais c’est in-dis-pen-sa-ble). Ce que j’ai malgré tout constaté, c’est qu’il n’y a aucun moyen de contrôle sur les ventes effectuées sur Internet. Au bout de six mois le compteur de Bookelis s’est fixé sur 75, et n’a plus bougé depuis. L’année qui a suivi ce chiffre, ce blog a été visité par plus 800 de personnes. Il est clair qu’une visite ne fait pas un acheteur, mais quand même… Alors il est bien possible qu'il y ait de la déperdition d'information entre les acteurs …mais pas d'argent.

Revenons sur la vente en librairie : le libraire ne dispose pas d’une place infinie sur ses rayons, et à priori, il veut vendre, on le comprend. Donc il n’a aucune raison de prendre un livre qui non seulement ne bénéficie d’aucune publicité nationale mais qui en plus, auto édité qu’il est, est certainement un nanar de première truffé de fautes variées et parfois inédites (oui oui). Il faut donc aller le voir, ou lui écrire, pour le convaincre que votre bouquin mérite le détour, et parfois lui remettre un exemplaire gracieusement pour qu’il puisse le constater par lui-même. Là, de trois choses l’une : soit votre libraire est juste un marchand de livres et il vous répond non d’entrée, soit c’est un vrai libraire mais votre bouquin ne lui convient pas (il n’est peut-être pas si bon que ça, ou il ne correspond pas à sa clientèle, etc…) soit il vous dit c’est OK et il vous donne une chance et tâchez de vous retenir de lui sauter au cou, faites comme si c’était normal. Personnellement, en moyenne j’ai essuyé un refus (pas toujours très franc, un refus fait de temporisations, de « rappelez la semaine prochaine ») pour une acceptation, en ciblant mes libraires. Comme la dernière voie de Nimbus est un livre de la catégorie « livres de montagnes », je ne me suis pas adressé aux libraires de la côte de jade, en Bretagne ; et c’est dans les Pyrénées que j’ai placé le plus de romans en librairie (9 en tout), puis dans les Alpes (3), enfin à Paris dans une librairie spécialisée, tout ça par correspondance. Et la Géothèque de Nantes, chez qui je vais depuis des centaines d’années, m’a refusé sans jamais me le dire (le patron n’a apparemment jamais eu le temps de le lire). Je lui en veux terriblement, mais ça reste un bon libraire, alors … On avale quand même quelques couleuvres, il faut y aller blindé et avec la foi du charbonnier. Tout cela est très couteux. Vous pouvez éviter de faire cadeau de votre livre, parfois en pure perte, en envoyant un petit dossier de présentation : qui vous êtes, un pitch de votre livre et un court extrait, plus bien sûr les modalités financières. Et téléphonez. Si vous diffusez autour de chez vous, rien de tel qu’une visite.

Bon, il reste bien entendu la vente de la main à la main, et en salons du livre, et ce n’est pas si mal.

 

La promotion

J’ai opéré ma promotion selon quatre axes :

1 : les revues d’escalade et de montagne, les clubs alpins et les salles d’escalade.

J’ai envoyé mon roman aux revues, des affiches et des flyers au seconds (avec leur accord préalable). J’ai eu trois articles, un dans la revue du club alpin parisien, deux dans des revues pyrénéennes. J’ai tenté l’article chez Télérama mais on ne m’a jamais répondu.

2 : les salons du livre.

Je le dis tout net : il faut y aller. C’est très riche sur le plan des rencontres, c’est là que vous parlez avec vos lecteurs, et avec vos confrères. Pour ce qui est des ventes, c’est selon, mais franchement si vous êtes toniques et si vous avez envie, vous vendez ! Maintenant, ça revient cher (frais d’hôtel, trajets…).

3 : les prix littéraires.

Pour ce qui est des prix nationaux, autant laisser tomber je n’en ai pas trouvé qui laissent concourir des auteurs autoédités (toujours cette malédiction !). Pour ce qui est des prix locaux, tentez votre chance sans hésiter. On rêverait d’un concours littéraire en aveugle, où le jury ne connaîtrait pas l’auteur de l’œuvre qu’il lit (ni la maison d’édition). Je pense qu’on aurait des surprises.

4 : ce blog

Impossible de mesurer son impact sur les ventes, mais avec plus de 1200 visites, il montre que le roman a suscité un peu de curiosité et que certaines personnes se sont attachées à suivre cette petite aventure (je les en remercie !).

Ce que je me suis refusé à faire, et je ne ferai pas de commentaires :

 


 Conclusion :

J’ai quelques regrets. 

Sur le roman lui-même : un premier chapitre un peu difficile, avec une abondance de personnages. Une mise en route tardive de l’action : j’ai voulu asseoir le cadre avant de lancer l’intrigue. Aujourd’hui, je recourrais aux flash-backs et j’attaquerais l’intrigue dès la première page. Sur le faible nombre de mes ventes, autour de 250 exemplaires, malgré l’énergie que j’ai pu y mettre. Ne pas avoir insulté la libraire parisienne que j’ai eu au téléphone et qui venait de m’asséner qu’elle n’allait certainement pas permettre à un auteur autoédité de participer au prix littéraire qu’elle anime (j’ai encore son « certainement pas » dans l’oreille). Je sais, mais ras-le-bol, les autres aussi peuvent faire un effort et ne pas se comporter comme de purs malotrus. Dernier regret, celui de ne pas avoir connu les éditions le Gypaète, qui je pense aurait constitué l’éditeur naturel de ce livre. 

Mais j’ai eu également de belles satisfactions. De bons retours de lecteurs rencontrés à Nantes ou lors de salons du livre. Des libraires qui m'ont bien défendu et m'ont invité à des signatures. D’avoir été lu par au moins 250 personnes. Tout ce que j’ai appris dans ce que je perçois certes comme une bataille perdue, mais qui m’a permis de connaître le milieu du livre, avec ses richesses et ses misères. Selon la météo du jour, l’actualité sociale, selon que le vin est bouchonné ou pas, le verre me paraît tantôt à moitié plein, tantôt à moitié vide, avec comme vous le sentez sans doute à lire ces lignes, une petite tendance du côté du verre vide.

Un conseil ?

Non, pas vraiment. Édition, autoédition, les deux voies sont difficiles. Certains auteurs auto édités réussissent très bien, parce qu'ils écrivent très bien, parce qu'ils apportent de la lumière ou un témoignage sur  un problème qui concerne beaucoup de personnes, parce qu'ils ont un bon réseau au départ. Inversement l’édition ne garantit aucunement le succès. Mais je ne recommencerai pas cette expérience.

Ma prochaine publication se fera sur un blog, et sera consacrée à la quadrature du cercle hyperbolique. Noooon ? Eh ben si ! 

Merci à tous ceux - ils sont nombreux - qui m'ont soutenu ! 

 

 


mardi 22 mai 2018

Pionniers et rentiers : la Fête du livre pyrénéen d'Aure et du Sobrarbe



Le Salon du livre Pyrénéen d’Aure et du Sobrarbe

    Retour dans les Pyrénées à l’invitation de Christiane Abadie pour la Fête du livre Pyrénéen d’Aure et du Sobrarbe, à Saint Lary Soulan. Et retour à « La dernière voie de Nimbus », que j’ai un peu délaissé ces derniers mois pour la rédaction de « L’extinction des Étoiles », pamphlet dont je parlerai plus tard et peut-être pas sur ce blog. C’est avec un immense plaisir que je retrouve ceux avec qui j’ai lié amitié au salon de Bagnères-de-Bigorre. 


 L'affiche, sur une photographie de Dominique Julien, lauréat avec Nanou Saint-Lèbe du prix documents pour leur livre "Fleurs choisies et autres vagabondages"

  Débats passionnés autour de petits déjeuners chaleureux à l’Hôtel Orédon, chez Ombline et Mimi Perez et dans les restaurants du village. Rencontres riches et découvertes. Dessins et aquarelles de Patrice de Bellefon, auteurs aragonais, conférences, retours de lecteurs. Parmi eux, au stand que je partage avec Gérard Sarremejane, la visite de Jean et Pierre Ravier, qui m’ont fait l’insigne honneur de lire « La dernière voie de Nimbus » — pour ceux qui n’ont pas lu le roman, l’un des personnages doit gravir la voie Ravier, au Tozal del Mallo, dans la vallée de Ordesa. Pierre a trouvé le livre original. Il n’est pas le seul : dans Pyrénées Magazine de ce mois-ci, Patrice Tesseire-Dufour évoque à son sujet « un roman au style étonnant, poétique, parlé, labyrinthique ».

   Je voudrais ici préciser la pensée que j’ai ébauchée lors de la conférence que nous avons faite, Gérard Sarremejane, Thibault Bertrand et moi, en différenciant les salons pionniers des salons rentiers, et j’aurais pu aussi bien distinguer de la même manière les libraires pionniers des libraires rentiers. Car il y a ceux qui prennent des risques, qui promeuvent des auteurs inconnus, leur donnent la parole, de la place dans les vitrines, les rayons, et les conversations avec les clients ; et ceux qui misent sur les « valeurs sûres », les écrivains reconnus par les médias influents, comme si parmi les écrivains célèbres il n’y avait pas de simples produits de mode et d’authentiques médiocrités. 


   Affiche des libraires indépendants au Salon d'Oloron 2017

   Il y a les militants, les libraires et les salons indépendants qui défendent une certaine idée de la culture, qui lisent les livres qu’on leur adresse et en jugent par eux-mêmes ; et ceux qui veulent faire du fric, et ne vendent que les livres blogbustés par la critique main-stream, au poids tout autant qu’Amazon, poussant nombre des auteurs qu’ils jugent indignes de leurs étalages vers les monstres d’Internet. De ce point de vue, les salons de Bagnères-de-Bigorre et ceux d’Aure et du Sobrarbe entrent assurément dans la première catégorie. Et je les remercie pour leur travail de pionniers et de promoteurs de la culture pyrénéenne.